Thursday, August 9, 2012

Berrouaghia



Berrouaghia, une ville affranchie de son passé colonial

MEDEA- Après avoir été réduite, pendant près d’un siècle, en une « ville pénitencier », destinée à accueillir tous les « damnés » de la terre, la ville des « asphodèles » (Berrouaghia), s’est réveillée, un 05 juillet, d’une « longue nuit coloniale » pour regarder, depuis ce jour, vers un avenir radieux.
De simple pénitencier agricole, autour duquel s’étaient érigées, en 1879, les premières fermes coloniales, la ville de Berrouaghia, dont le nom est une déclinaison du mot berbère « berouagh » (asphodèle) a connu une véritable métamorphose au plan urbanistique et infrastructurel en entrant de plain-pied dans la bataille du développement.
Une mue, rendue possible, grâce à la résistance de ses enfants, dont le sacrifice lui a permis de se débarrasser de cette étiquette de « ville pénitencier » et d’effacer ainsi les stigmates d’un passé douloureux qu’elle avait traîné, contrainte et forcée, durant des décennies.
Il aura fallu le sacrifice de centaines de ces meilleurs enfants, hommes et femmes, pour se « laver » de cet « affront » et aborder une nouvelle page de son histoire et un avenir différent de celui que lui prédestinaient les premiers colons.
Une petite localité agricole entre les mains des colons
De grandes familles de colons, comme les « Blachette », « Burgeau » et « Germain », avaient entamé, à partir de 1860, une vaste opération d’expropriation, réduisant à l’état de pauvreté les quelque tribus autochtones qui avaient survécues aux nombreuses vagues de colonisations qui ont déferlaient sur le pays.
Ces dernières vont, non seulement, partager entre elles les plus belles terres de la région, mais exercer une ½ influence » notable sur les différents rouages de l’institution politique coloniale. Certaines de ces familles, à l’image des « Blachette » vont réussir à élire l’un des leurs (Georges Blachette) au sein de l’Assemblée nationale.
L’élu en question est à l’origine du projet de création d’une ligne ferroviaire qui va de Blida jusqu’à Djelfa, en passant par Médéa-Berrouaghia et Ksar-el-Boukhari, et servira à l’acheminement des récoltes, des moutons et de l’alpha en provenance de leurs exploitations.
La ville de Berrouaghia ne comptait, vers l’année 1892, qu’un pénitencier agricole, édifié à l’endroit où était stationnée une smala de spahis ainsi qu’une gare ferroviaire, au service exclusive des ½ Blachette ». Il faudra attendre, la première décade du 20é siècle pour assister à l’émergence d’un petit noyau urbain, destiné à accueillir les nouveaux colons et les familles des militaires stationnés dans cette localité.
Considérée, un moment, comme l’un des principaux fiefs des ½ Centralistes », la ville de Berrouaghia s’est ralliée, très vite, au combat libérateur.Des actions armées sporadiques sont perpétrées à l’intérieur de la ville contre des colons et des édifices de l’armée d’occupation.
Une région connue pour ses actions armées
Les actions les plus retentissantes seront menées, à partir de l’année 1956, où des dizaines d’embuscades vont ciblées des cantonnements situés à la périphérie de la ville et des convois de l’armée française, en transit par la région, parmi lesquelles l’attaque d’un convoi militaire à « Had-Robeia », à l’est de Berrouaghia, qui s’est soldée par la mort de 25 soldats et officiers de l’armée française, ainsi que la récupération par les moudjahidine d’un important lot d’armes.
D’autres actions d’envergure seront exécutées par les katibas » El-Djeloulia » et « El-Zoubiria », deux unités d’élite de l’armée de libération nationale (ALN), dont la célèbre attaque contre un cantonnement de l’armée coloniale, implanté à « El-fernane », à l’entrée nord de la ville, disséminé dans sa totalité.
Le rythme des actions armées va s’accélérer, à partir de l’année 1957, notamment hors zone urbaine, en dépit du dispositif mis en place par l’armée coloniale pour contrer l’offensive de l’ALN.
Un pôle industriel et urbain à l’indépendance
Après l’indépendance, la ville bénéficia d’un programme d’industrialisation qui aboutira, dès l’année 1973, à l’inauguration de l’un des plus importants pôles d’industrie mécanique du pays. Il s’agit du complexe pompes et vannes (POVAL), qui employa près de 5000 ouvriers et techniciens, et va transformer ce petit village agricole, en une grande agglomération urbaine, autour de laquelle vont venir se « greffer » une multitude d’unités industrielles, telles que la société nationale des matériaux de construction (SNMC), l’office régional de l’aviculture du centre (ORAC) ou la coopérative de commercialisation des légumes secs (CCLS).
Ce tissu industriel, qui sera renforcé, en 2005, par l’inauguration d’une importante centrale électrique, exerça un effet attractif sur la ville qui a vu sa population doublée, en l’espace de quelques années, avec l’arrivée d’ouvriers et de cadres venus de différentes régions du pays.
Cette agglomération de 60.000 habitants, compte, aujourd’hui, un parc immobilier estimé à plus de 10.000 unités, et des dizaines d’infrastructures socio-éducatives et sportives.
La ville des « asphodèles » abrite également deux grandes écoles militaires, à savoir l’Ecole d’application de la défense aérienne du territoire (EADAT) et l’Etablissement central d’approvisionnement et de maintenance radar et de télécommunication (ECAMRT), qui forment, depuis plusieurs années, une partie de l’élite militaire nationale.

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